A la suite de différents clichés « urbex », je me suis associé avec une amie très douée avec les mots pour illustré mes photographies: Silence meurtrier Un couple d’amoureux qui s’étreint, là, sur un bout de plage déserte. Une mouette qui voltige à la recherche d’un met comestible, puis qui s’en retourne, déçue, vers l’horizon lointain. Le soleil brille, éclatant, paresseusement. Le vent qui soulève les cheveux de la fille et qui supporte l’oiseau se fait plus fort et bientôt le sable se met à voler, colle aux yeux des amoureux. Les nuages s’invitent à la valse du vent et dissimulent bientôt le soleil, la mer gronde de plaisir à l’annonce de la tempête qui s’amène. Les éléments jouent à cache-cache au milieu des ruines – enfin, des lieux abandonnés – l’écume lèche le pied des bunker chargés d’histoire. On entend comme des cris d’enfants dans le vent, des pleurs et de la rage, l’air se joint à la fête et se fait électrique, l’orage éclate. La plage est déserte, les amoureux se sont enfuit, il n’y a pas d’oiseaux dans le ciel. Ce dernier rit aux éclairs, on attend plus que la pluie pour laisser libre cour aux pulsions, la voilà qui arrive, froide, pénétrante, troublante. Elle se mêle aux eaux déchaînées, tabasse les rares bâtiments encore debout; ratisse les herbes et creuse le sable ; la nature exulte. C’est à qui fera le plus de bruit, qui déracinera la terre ou noiera le ciel, qui effacera l’Histoire, sa colère, incrustée dans chaque molécule de cette plage peu fréquentée. Mais l’histoire est tenace et tient à son éternité. Les rochers en témoignent, les griffes du passé creusent profondément. Mais si les événements sont immuables la nature s’essouffle, voilà l’orage qui s’éloigne, le vent se camoufle, le calme revient. La mer, à nouveau douce et tranquille, ronronne de plaisir, satisfaite. Une brise souffle toujours, faiblement, joue dans les herbes, le soleil apparaît, quoique un peu timide. Une mère s’approche, souriant à son bambin qui court devant elle, un ballon rouge dans les mains. L’Histoire s’écrit en ce moment, à chacun des rires de l’enfant. Les bunkers observent la scène, bienveillants, puis retournent à leur sommeil, jusqu’au prochain réveil. Précédent Suivant